La télévision éclairait la pièce d'une faible lueur. Mise sous silence, elle me laissait dans un abyme sans bruit, sombre. Effrayant.
Daehyun n'est pas là. Comme tous les soirs depuis un certain temps, il rentre tard. Trop tard.
Avec l'odeur de quelqu'un d'autre.
-Je suis rentré.
Soûl.
-Youngjae !
Le pas chancelant, il trébuche sur un sac. Mon sac. J'ai la rage, mon amour propre tombe en miettes.
Un suçon trône sur son cou, juste là, sous sa pomme d’Adam.
-C'est quoi ce foutoir, 'Jae ?
Il s'approche, et se laisse tomber près de moi. Sur le lit.
-On part en voyage ?
-J'y vais.
-Tu vas où ?
-Loin de toi.
Silence. Il comprend peu à peu. Lentement, il saisit qu'il n'aura plus personne à faire souffrir.
-Tu me quitte ?!
Je ne répond pas. À quoi est-ce que ça servirait, sérieusement ? I
Il rit, le souffle haletant. Il suffoque, vire rouge. Il se rend si désirable sans le savoir.
Son pull le quitte, son torse est nu.
-Qu'est-ce que j'ai fait de mal, hein 'Jae ?!
Avec force, il m'empoigne les poignets, et bascule au-dessus de moi. Il pleure, bouillonne de rage, sa pomme d'Adam tressaute. La marque violacée me nargue.
-T'as trouvé quelqu'un d'autre, c'est ça ?! Je le savais ! Je suis sûr que c'est ce Bang !
Ses cheveux me chatouillent le visage, son souffle frôle mes lèvres. Malgré la forte senteur d'alcool, l'odeur du savon est encore là. La flagrance inconnue aussi. Estomac qui se retourne, boyaux qui se broient. Si douloureux.
-Je t'avais interdit de continuer à le voir !
Sa prise se resserre, il glisse dans mon cou. Des hauts le cœur. Nos larmes qui se mélangent. Et on le fait là. Je jouis contre le matelas, lui sur moi. Nous nous unissons pour la dernière fois, avec dégoût et haine. Force et violence.
Puis il s'endort, en me serrant fort contre lui.
Avec ce parfum entêtant. Ce parfum qui m'est inconnu, et qui m'est pourtant devenu coutumier. Ça coule à nouveau, au niveau de mes yeux. Désagréable. Tout se mélange, larmes, sueur, fluide corporel.
Je me sens poisseux, sale, et soumis.
Me défaisant de sa prise, le froid me mord la peau. Collant, mon bas ventre est collant. Mes lèvres aussi. Humilié. L'atmosphère est chauffée par la moiteur de la pièce, imprégnée de l'odeur du sperme de Daehyun.
Cette personne qui a tout brisé. Je sens sa présence constante. Même au lit, ce soir, j'ai eu l'impression qu'il l'a baisait elle. Pas moi.
Écœurant.
Je file sous la douche, l'eau froide essaye vainement de me purifier. Ma bile se mélange au savon et à l'eau. C'est pesant. Mes jambes ont du mal à me tenir, je me sens faible. Et las. Amer.
Certains ont l’ouïe fine, d'autre la vue. Moi c'est l'odorat. Tout serait plus simple, sans ça. Il aurait suffit de fermer les yeux, et de se boucher les oreilles. De continuer à croire aux mensonges honteux qu'il me balançait au visage aussi souvent que son foutre.
Je m'habille, des habits neufs sur lesquels il n'a jamais posé les yeux.
Je le dévisage. Ses cheveux blonds, semblable aux miens. Ils collent à son front, un souffle léger s'échappe de ses lèvres. Son torse se soulève régulièrement, alors qu'il gigote dans le lit, cherchant ma présence.
Ou celle de quelqu'un d'autre, je ne sais pas. Je ne sais plus.
Silencieusement, j'attrape mon sac. Tremblant, j'ouvre la porte. Chancelant, je descends les escaliers.
Incertain, je sors, ouvrant mes bras à un futur plus heureux.